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Des pénuries de main-d’œuvre pour 80 % des DRH

Social - Fonction rh et grh
25/10/2021
Les DRH se disent très impactés par les pénuries de main-d’œuvre, selon une nouvelle étude de l’ANDRH publiée le 19 octobre. Près de la moitié de ces professionnels envisage de faire évoluer dans les prochains mois leur politique de rémunération.

« La reprise économique est bel et bien amorcée et nos entreprises sont confrontées à des pénuries de main-d’œuvre. Certaines d’entre elles se disputent ardemment les talents », indique Audrey Richard, la présidente de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), en ouverture d’une conférence de presse consacrée, mardi 19 octobre, à l’agenda social des DRH.

Dans un sondage réalisé entre le 22 septembre et le 13 octobre dernier auprès de 359 adhérents de l’association issus de 61 de ses groupes locaux, le déficit de candidats concerne 80 % des professionnels RH interrogés. Sont principalement concernés les secteurs de la santé, du bâtiment, de la restauration, du numérique, de l’agroalimentaire et de l’industrie. « Tous les territoires sont visés par ces pénuries », précise la présidente de l’association. Une situation d’autant plus critique que la fonction RH reste mobilisée pour maintenir les emplois, constate l’étude. Ainsi, 47 % des sondés indiquent vouloir augmenter leurs effectifs dans les prochains mois, tandis que 37 % jugent que l’évolution de leur masse salariale sera stable. « L’ANDRH doit créer le lien avec l’ensemble des acteurs du terrain, notamment Pôle emploi, l’Apec, les missions locales, pour faciliter le maillage entre les entreprises et l’ensemble du territoire », explique Audrey Richard.

Partage de la valeur

Pour attirer davantage les candidats, les DRH expriment le besoin de refondre le partage de la valeur. Près de la moitié des répondants (46 %, contre 39 % en janvier dernier) envisage ainsi de faire évoluer la politique de rémunération individuelle et collective dans les prochains mois. Parmi les évolutions les plus couramment citées figurent les accords d’intéressement, la mise en place de primes sur objectifs liées à des critères de performance, la valorisation des bas salaires et l’augmentation des salaires des métiers pénuriques. Selon Benoit Serre, vice-président de l’ANDRH, le « sujet de la rémunération monte aussi en puissance à cause des questions sur le pouvoir d’achat et des appels du gouvernement pour augmenter les salaires ». Prudente, l’ANDRH attire l’attention sur le fait que certaines entreprises ont encore des trésoreries très fragilisées par la crise sanitaire. De plus, pour l’association, la question salariale ne doit pas reposer exclusivement sur l’employeur, les pouvoirs publics pouvant actionner d’autres leviers comme la suppression du forfait social pour toutes les entreprises ou des aménagements fiscaux afin de favoriser l’épargne salariale.

Une réforme de la formation jugée nécessaire

Sur le sujet des compétences, 74 % des RH sondés pensent qu’une réforme de la formation professionnelle est nécessaire. Les attentes des DRH portent sur une simplification des dispositifs existants (69 %), une meilleure prise en charge (58 %) et une meilleure visibilité des dispositifs (53 %). Le plan de développement des compétences est l’outil les plus utilisé par ces professionnels (79 %), devant le CPF abondé par l’employeur (35 %)et le FNE-formation (21 %).

L’avènement du travail hybride

Enfin, sans surprise, le modèle hybride d’organisation du travail, mêlant distanciel et présentiel, est devenu une nouvelle norme depuis le début de la crise du Covid. Selon l’ANDRH, près de 4 000 accords de télétravail ont été signés depuis le 1er janvier 2020. 51 % des répondants sont ainsi couverts par un accord collectif, donnant la possibilité au salarié de prendre généralement 2 jours de télétravail par semaine. « Un bon équilibre », selon Laurence Breton-Kueny, vice-présidente de l'ANRDH. Parmi eux, 15 % indiquent rencontrer certaines difficultés dans la mise en œuvre du travail à distance. Les points de friction portent sur l’éligibilité des postes, le nombre de jours télétravaillables et l’indemnisation financière. « Il y a des refus de revenir au bureau, émanant notamment de salariés qui ont déménagé pendant la crise », constate la vice-présidente. Selon une enquête de l’ANDRH publiée le 7 juin dernier, 30 % des DRH ont été confrontés à des salariés qui ont déménagé au cours de la pandémie. « Ce n’est pas l’entreprise de payer 50 % des déplacements », estime-t-elle. L’ANDRH réclame sur ce point une évolution rapide de la réglementation. Plus généralement l’association souhaite une adaptation du Code du travail, « aux nouvelles notions de responsabilité de l’employeur par rapport au lieu d’exercice du télétravail ».

J-F. Rio

Source : Actualités du droit